25.10.11

Kate Moss pour Fred





"Il m'arrive de penser au diamant que Richard Burton a offert à Elizabeth Taylor, mais est-ce que toutes les filles ne rêvent pas de ca?"


On connaissait Kate Moss mannequin, égérie, maman, mariée. On la savait moins collectionneuse avertie de bijoux vintage, que la belle va chiner dans une poignée de boutiques londoniennes : "Les pièces anciennes sont un de mes caprices, surtout celles datant des années 20. Et j'aime les diamants, les émeraudes.. ainsi que les pierres de lune et les aigues-marines." Il y a quelques mois, les magazines people glosaient sur sa bague de fiançailles, perdue (et retrouvée) au festival Glastonbury. Les tabloïds vont avoir plus encore à se mettre sous la dent, Kate Moss dévoilant ce mois-ci sa première collection de bijoux, imaginée pour la maison Fred dont elle est l'égérie depuis maintenant trois ans.
Coup de maître pour la maison de la place Vendôme : tout ce sur quoi la top britannique pose la main se transforme  instantanément en or; On connaissait ses collaborations ouragans avec Top Shop, déclencheurs assurés d'émeutes shopping du côté de Oxford Street. A Paris, ses sacs siglés Longchamp ont électrise les ventes du maroquinier français. Désormais, c'est du côté de la place Vendôme (et des boutiques éparpillées aux quatre coins du monde) que la fièvre acheteuse devrait se propager. Objet de la convoitise : la collection "Kate Moss pour Fred", ligne de bagues à additionner, de puces d'oreilles à dédoubler, de sautoirs précieux à porter en écharpe, de pendants à mélanger, tous inspirés des motifs que Kate Moss connaît bien pour se les être fait.. tatouer. difficile de faire mieux question intimité, et si l'histoire de chacun, ancre et coeur sur le poignet, étoile à la cheville.., reste secrète sur le fond, leurs formes pourraient bien devenir l'accessoire le plus convoité de la saison.
Il faut dire que cette nouvelle designer, qui partage avec ses copines Jade Jagger et Stella McCartney une même décontraction cool et une semblable spontanéité, à esquivé le piège du gros bijou statuaire. Au contraire, la ligne exalte une simplicité haute en couleur, apparemment plus inspirée par les toys dispensers à 50 pence des rues de Croydon que par les parures flamboyantes de la Castafiore. "J'aime bien entendu les gros cailloux. Mais j'aime aussi les petites pierres, les timides, celles que révèle un rayon de lumière et que l'on peut porter tous les jours, ou accumuler pour faire plus d'effet", confie la créatrice.
Et s'il y a, dans cette ligne toute simple, quelque chose de l'adolescente photographiée au début des années 90 par Corrine Day (un même goût du jeu, une même fraicheur, une même envie de faire les choses à sa façon, sans s'en laisser conter) Kate Moss a tout de suite su là où elle voulait aller. "I don't want ladies' stuff" ("je ne veux pas que ça fasse dame") semble avoir été le mantra le plus répété dans les ateliers. Un esprit auquel les fondeurs et sertisseurs ont su se plier. Bien leur a pris : dès l'année prochaine, Kate Moss devrait les retrouver, pour une deuxième collection d'ores et déjà en préparation.




 




*

23.10.11

Le pari futuriste de Romain Kremer




Il est rare qu'un créateur français ouvre une brèche dans le monde du prêt-à-porter. Le Toulousain Romain Kremer, 27ans, est un pionnier, et sa présentation pour l'été 2010 est la preuve que les frontières n'existent que pour être franchies. Ancien danseur, il concentre sa création sur le corps masculin, tout en évitant l'écueil du cliché homoérotique. Le Lycra, omniprésent dans cette collection, est évidemment la seconde peau de ses héros mi-Fantômas mi-Superman. "Cette collection parle de demain. De manière générale, c'est le future qui m'intéresse. Je tente de transcender le pessimisme ambiant: réchauffement de la planète, Grippe A, radioactivité... Evidemment, la fibre Lycra moule remarquablement le corps, mais elle est aussi utilisée dans les équipements de protection." Graphique ou fluide, voire drapée, la matière est particulièrement sublimée dans des dégradés de gris, en turquoise ou en rouge géranium. Les lunettes façon store métallique, réalisées en collaboration avec la marque Mykita, sont inspirées de celles portées par les Inuits contre la réverbération solaire au pôle Nord.
De cette collection radicale, entre utopie et réalisme, émane aussi une grande justesse. Une fois allégés du stylisme nécessaire au défilé, les vêtements dessinés par Romain Kremer sont en effet souvent portables. A l'heure des restrictions, Romain Kremer n'a jamais caché le tour de force financier que présente la réalisation d'une collection, mais il est étonnant d'apprendre que l'ensemble des prototypes a coûté moins cher que n'importe quel sac d'une griffe de luxe!









*

19.10.11

Les cinq étapes du processus de mode



 
1. L'idée novatrice.
Elle exprime la rupture, avec le présent, de l'objet de mode et de l'ensemble de ses caractéristiques. Cette idée peut être le fruit d'une recherche volontaire sur une ou plusieurs caractéristiques de l'objet de mode (on en trouverait de nombreux exemples dans la découverte de matières synthétiques, comme l'élasthanne, au XXe siècle). Elle peut être tout aussi bien le fruit du hasard comme l'improvisation de Mlle de Fontanges, favorite de Louis XIV*.

2. L'adoption par un petit groupe.
Un groupe à fort pouvoir ostentatoire (par exemple, un groupe de rock dans les années 1960 initiateur de la mode des blousons noirs); ou même un seul individu doté d'une forte autorité morales, politique et/ou de prescription dans la mode (Louis XIV dans le cas de Mlle de Fontanges) adhère à cette idée nouvelle.

3. Le transfère en cercles concentriques.
Par un double effet d'imitation et de distinction, l'innovation s'étend à l'identique vers des groupes proches sociologiquement du prescripteur. A cette étape, l'innovation ne subit aucune altération ; l'idée novatrice se reproduit  telle qu'elle a été créée. Dans nos exemple, nous trouverons d'une part les fans du groupe rock qui ont assisté au concert et ont vu les vedettes, et d'autres part ces dames de la Cour qui ont assisté à la chute du cheval et ont entendu Louis XIV déclarer son approbation, ou du moins son amusement.

4. La diffusion et la transformation.
Au delà des premiers cercles, l'adoption de l'idée par imitation seconde déclenche inévitablement une ou plusieurs transformations qui abâtardissent l'innovation. On imite ceux qui ont vu. On adapte l'idée de mode à sa morphologie, à ses moyens financiers, à son propre goût, aux matériaux à sa disposition. De nos jours les industriels se chargent aussi de décliner l'idée. Cette étape marque, sans contestation possible, l'effet de mode. On la trouvera, par exemple, chez ces anglaises quinquagénaires qui vers 1985 vont tenter d'adopter avec plus ou moins de bonheur la coiffure de Ladi Di. Chaque geste, chaque tenue de la princesse de Galles sont systématiquement disséqués par la presse mondiale. Un de ses chapeaux fut largement copié. Il avait été conçu en fonction de la coupe de cheveux de la princesse, le bord semblant suivre la forme de la frange de Diana.

5. La généralisation.
Le plus grand nombre, la masse, s'approprie enfin les formes abâtardies de l'idée; dans la tenue vestimentaire, la coiffure, le style de vie, la décoration, etc. La masse doit être entendu ici au sens de la population la plus large qui, à une épode donnée, peut accéder de visu à ce qui se porte, ce qui se vit dans les groupes de l'étape 4. Cette cinquième étape, par la banalisation et les déformations de l'idée
 initiale qu'elle implique, marque la mort de l'idée.
On est ainsi passé de l'
idée, à fort contenu artistique et distinctif, mais sans intérêt économique, et réservée à quelques à quelques initiés, à un produit, non différenciant pour le plus grand nombre et à forte valeur économique pour son producteur. Il n'y a plus de nouveauté puisque tout le monde à adopté l'idée. Cette fin du XXe siècle fournit de multiples expressions de ce phénomène, avec par exemple, l'incroyable diffusion des chaussures de sports de trois ou quatre grandes marques mondiales dont les modèles se ressemblent tous, au logo près, et changent de couleur ou de forme au même moment dans le monde entier.
De cet évanouissement programmé de l'innovation de mode il ne faut pas  cependant conclure comme le paradoxal Jules Renard : "Si j'avais du talent, on m'imiterait. Si l'on m'imitait, je deviendrais à la mode. Si je devenais la mode, je passerais bientôt la mode. Donc il vaut mieux que je n'aie pas de talent."

 

* Lors d'une chasse, un grand vent mis à mal la coiffure fort apprêtée de Mlle de Fontanges. Elle retint ses mèches rebelles à l'aide de sa jarretière et le roi trouva ces rubans fort seyants. Les dames de la Cour adoptèrent pour trente ans la coiffure à la Fontanges.



16.10.11

"ONE HUNDRED AND ELEVEN" Hussein Chalayan



Printemps-été 2007
Palais Omnisport de Bercy, Paris, 4 octobre 2006, 18 heures.


Chalayan s'est inspiré de la façon dont les événements du monde, y compris les guerres, les révolutions, les changements politiques et sociaux ont façonné la mode durant un siècle. A travers One Hundred and Eleven, il commente le temps de l'Histoire en collaboration avec Swarovski qui célébrait en 2006 sont cent onzième anniversaire. Dès 2001, Chalayan a commencé à explorer le concept de "morphing" notamment dans son film pour la collection Mapreading (automne-hiver 2001). Avec One Hundred and Eleven, il pousse l'idée plus loin, créant une série de robes mécaniques qui se métamorphosent d'un style d'une époque à un autre. Rétrospéctive de l'histoire de la mode sur plus d'un siècle. Chalayan commence avec un silhouette victorienne à col haut datant de 1895 qui se métamorphose, en pressant un bouton, en une robe plus ample qui s'arrête au molet dans le styles des années 1910, avant de se transformer en une tenue garçonne caractéristiques des années 1920. Avec six robes "morphing", Chalayan saute des décennies et des silhouettes iconiques, avec une vision spectaculaire de la mode et de son vocabulaire. La bande-son contraste avec la formidable prouesse technologique en rassemblent des fragments audio provenant de réacteurs de jet, d'une guerre de tranchée et de bombardements aériens. Le film de cette collection permet au public d'apprécier les mouvements de métamorphose des vêtements, ces passages éclair dans l'histoire de la mode et du costume et la subtilité technologique qui les accompagne.

(vidéo : voir à 4 minutes et 35 secondes)
*

2.10.11

Le défilé Kanye West




Habitué des défilés, ce fut au tour du rappeur, passionné de mode, de monter sur le podium pour montrer sa toute première collection de prêt-à-porter, femme, pintemps-été 2012. Et c'est dans un cadre scolaire que Kanye West  présenta sa collection : le prestigieux lycée Henri IV. C'est comme si le studieux rappeur, ayant assisté avec assiduité aux Fashion Week, rendait sa copie aux grands maîtres de la mode!

En effet, de nombreuses célébrités et créateurs étaient venus le soutenir, parmi lesquels Azzedine Alaïa, Alexander Wang, Joseph Altuzarra, Dean et Dan Caten (Dsquared) et les soeurs Olsen, Lindsay Lohan, Jared Leto, Carine Roitfeld, Cathy Horyn (New York Times) et Anna Wintour (Vogue US) s'étaient déplacées. Du beau gratin pour finalemment.. pas grand chose!
Hélas, sa collection n'a pas convaincu journalistes et couturiers présents au show. « Le défilé Kanye West prouve que n’importe qui peut aimer la mode mais que ce n’est pas n’importe qui qui peut devenir créateur » note Jessica Michault de l’International Herald Tribune.

Pour ma part, je vais pas être aussi dure, car l'orsque l'on voit ses jeux de matières, les ornementations des chaussures à talons, les perles (...), montrent tout de même une grande recherche de la part du "couturier". Ce fut sa première collection, cela ne pouvait pas être parfait. Attendons-donc de voir les prochaines saisons, en ésperant que ses défilés deviennent plus des événements mode, que des événement people.






Un aperçu du final ici.

*